Vins natures, en biody, vivants, sains… Pas toujours évident s’y retrouver là-dedans ! Pourtant vous aller voir que c’est assez simple.
Cela veut dire quoi, concrètement, un vin nature ? C'est un vin qui se fait tout seul ? Qui se pésente comme il est, sans artifices, avec ses défauts et ses qualités ? Et le bio, ça autorise quoi ? Quel rapport entre tout ça et le soufre ? Pourquoi certains vins naturels ont des odeurs désagréables ? On vous dit tout ça, et plus encore !
Qu’est-ce qu’un vin bio ?
C’est un vin produit en agriculture biologique. Il existe différents labels et certification pour le vin biologique, mais la plupart d’entre eux ont les mêmes bases : aucun traitement synthétique et insecticide dans les vignes, et réduction des intrants (entendez produits ajoutés, qui ne proviennent pas de l’exploitation agricole ou de ses environs), à la vinification. Cependant, le bio autorise toutes sortes d’autres pratiques improbables telles que l’ajout de copeaux de bois (ce fameux goût de chêne), l’acidification, la désacidification, le traitement thermique, l’ajout de tanins, les levures industrielles, une quantité de soufre non-négligeable… Retrouvez la liste exhaustive des substances tolérées ici.
-Le soufre (SO2) : dans cette catégorie, on autorise jusqu’à 150mg de soufre par litre en blanc, et 100 en rouge.
Les labels :
- Le logo Eurofeuille : c'est le label européen pour les produits respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique. Ce logo est obligatoire pour les produits bios.
- Le logo AB : label français créé par le ministère de l’Agriculture et de l'Alimentation, il est facultatif. Il atteste qu'un produit contient au moins 95 % d'ingrédients certifiés bio.
Et le vin biodynamique ?
C’est Rudolf Steiner (1861-1925), un Autrichien relat
ivement controversé, qui instaura les bases de ce mode de culture. Pour ce faire, on suppose qu’il s’est inspiré de savoirs ancestraux, comme ceux des Mayas. Le site internet de Demeter (label de culture en biodynamie), résume ainsi le principe : « Une forme d'agriculture biologique, à la fois holistique, régénérative et sensible. ». L’objectif est d’intensifier la vie du sol, de la terre et des plantes de façon naturelle. Comment ? En travaillant avec l’influence du cosmos et en utilisant une sorte d’homéopathie de l’agriculture. Concrètement, on va se servir du calendrier lunaire et utiliser des préparations parfois qualifiées de mystiques…
Un exemple ? « La 500 ». Cette préparation au nom barbare n’est autre que de la bouse de vache que l’on a laissé dans une corne, sous terre, durant des mois. On va ensuite diluer ce préparât, en infime quantité, dans de l’eau, et brasser le tout dans un vortex pendant une heure pour le dynamiser, soit pour le charger en « vie ». On répartit ensuite cette eau dynamisée sur les vignes et cela évite un certain nombre de traitements chimiques. Ça vous paraît tirer par les cheveux ? Qu’importe ! Ceux qui l’ont essayé l’ont adopté ! Parce que le résultat fait foi et que bons nombres de viticulteurs affirment constater un effet positif sur les plantes. A l’instar d’Aubert de Villaine, cogérant du très célèbre domaine de la Romanée Conti qui dit utiliser ces préparations pour lier « des énergies telluriques et cosmiques au développement des forces de la vie », tout en affirmant pratiquer une biodynamie concrète et pragmatique.
Ici, seuls des procédés naturels sont autorisés : collage du vin et filtration, chaptalisation (ajout de sucre) uniquement pour les pétillants, très peu de souffre.
Le soufre : dans cette catégorie, on autorise 90mg de souffre en blanc et 70 en rouge (Label Demeter), sachant que certains producteurs sont bien en deçà et qu’avec le temps, le taux baisse.
Les labels :
Demeter : plus exigeant que biodyvin, notamment en ce qui concerne le taux de soufre, le label semble davantage lié à l’ésotérisme et à la société anthropique (Rudolf Steiner).
Biodyvin : légèrement plus souple, le label autorise jusqu’à 105 et 80mg de soufre par litre. Certains le jugent aussi plus proche des contraintes terrain, mais aussi plus élitiste…
Le vin naturel, c'est quoi ?
Le vin naturel est censé être le plus « pur », mais il n’y a pas forcément un travail avec le calendrier lunaire, ni avec l’influence des astres et de la lune, ni un recours aux procédés biodynamiques. L’objectif est d’avoir le moins d’interventions humaines possibles. Le seul hic, c’est qu’il n’existait pas vraiment de certification reconnue ni de contrôle donc. C'est problème réglé puisque depuis fin 2019, notamment grâce à l’association des vins naturels : AVN (véritable référence en matière de vins natures), il existe désormais une charte et un label dédié. Cela dit, tous les vignerons sont tenus de faire des tests sur leurs vins, il est donc tout à fait possible de demanedr directement au producteurs ses méthodes de travail et de savoir combien de soufre contient un vin, par exemple.
Le soufre : en dessous de 30 mg/litre, on peut considérer un vin comme naturel (sur ce point en tout cas).
Les Labels : l'appellation vin méthode nature est désormais reconnue (mais pas encore très usitée ni connue, surtout à l'étranger). On trouve deux variantes :
- VMN: Vin méthode nature sans sulfites ajoutés.
- VMN <30 mg: Vin méthode nature mais avec ajustement par ajout de sulfite à la mise (mais moins de 30mg/L total).
Retrouvez le détail de cette charte ici.
Quelle différences avec le vin vegan ?
Le vin labelisé vegan présente une composition 100% végétale. Il ne contient aucunes substances animales.
Les labels : Label V, et E.V.E Vegan.
La question du soufre/des sulfites
Sans rentrer dans les grands débats qui animent la communauté des amateurs de vins, on peut simplement dire que la quantité de souffre ajouté ne doit pas être l’unique point de contrôle pour juger si un vin est sain et/ou bon. Rappelons que cette substance est naturellement présente dans l’organisme sans que cela pose de problème. Concernant les vins, il a notamment pour but de les stabiliser et, lorsqu’il est utilisé en proportion raisonnable, le soufre ne reste qu’en très petite quantité après quelques mois en bouteille. Il est cependant évident que les vins qui contiennent peu de soufre sont plus intéressants que les autres ! Justement parce qu’ils n’ont pas été (trop) traités, stabilisés. Dans le jargon, on dit d’ailleurs que ce sont des vins vivants.
Quelle est la différence entre un vin bio et un vin nature ?
Nous l’avons compris, un vin bio est un vin dont on a prouvé qu’il est relativement «propre», c’est-à-dire assez respectueux de l’environnement et de l’homme. Un vin naturel va plus loin est limite au maximum les ajouts.
Quelle est la différence entre bio et biodynamie ?
La biodynamie fait appel aux cycles lunaires et solaires et est bien plus exigeante que le bio. Ne serait-ce qu’en ce qui concerne le soufre, nous l’avons vu, c’est presque le double qui est autorisé en bio ! Bref, la biodynamie, c’est du « plus » que bio, si on veut.
Et entre un vin biodynamique et naturel ?
Ils sont plus proches l’un de l’autre (voir descriptif plus haut), mais disons que si vous voulez peu ou pas d’ajouts tout en restant sur un goût assez accessible, on recommande plutôt le biodynamique.
Pourquoi le vin bio n'est pas bon ?
Le vin bio peut être très bon. Il y a beaucoup d’idées reçues sur la question ! Certains vignerons travaillent en agriculture biologique ou biodynamique sans avoir, ou afficher, le label. C’est notamment le cas d’un de plus grand domaine du monde : La Romanée Conti. Vous ne verrez pas la moindre étiquette Demeter ou Biodyvin sur ces flacons d’exception, et pourtant : le domaine est en biodynamie depuis 1996. Mais libre à chacun de boire ce qu’il veut, personne ne viendra vous embêter si vous préférez boire des vins en agriculture dite « conventionnelle ».
C’est quoi un vin conventionnel ?
C’est un vin issu de l’agriculture du même nom, c’est-à-dire en culture intensive (: qui utilise des traitements plus ou moins nocifs). L’agriculture raisonnée tente quant à elle d’optimiser le schéma économique tout en « contrôlant » les taux de substances chimiques utilisées… Pas évident.
Pourquoi le vin naturel sent parfois mauvais ?
A cause du gaz carbonique. Pour éviter de soufrer, les vignerons en nature laissent ce CO2 dans la bouteille au lieu de dégazer. Cela permet de conserver et protéger naturellement le vin. Mais cela produit corrélativement un phénomène de réduction, qui donne lui-même ces odeurs de renfermé, « d’écuries », ou de « vache », à l’ouverture. Mais pas de problème ! En laissant le vin s’aérer, ou en le carafant, voire en le secouant un peu (s’il est jeune, il tiendra le coup), l’odeur va disparaître pour laisser place au fruit et à ses nombreuses senteurs et saveurs.
Nota bene : certains défauts peuvent aussi créer ces odeurs parfois nauséabondes comme l’oxydation, la souris, ou les Brettanomyces (brets).
Si on voulait schématiser, on pourrait dire que le bio, c’est déjà bien, mais que la biodynamie et/ou le nature, c’est mieux (si c'est bien fait). Toutefois, certains vignerons travaillent merveilleusement sans aucun label… Il faut donc goûter, analyser, discuter, avec les cavistes et les producteurs, aller visiter les vignobles, etc… C’est encore le meilleur moyen de comprendre un vin et d’en vérifier la qualité.
Il ne reste donc qu’un mot à ajouter : santé !
MarineNugeron
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